Certains cépages ont une longue histoire. D’autres, une sombre histoire. Histoire d’en finir avec les racontars, penchons nous sur le cas d’un cépage noir, le Zweigelt. Ça n’est pas que nous voulions à tout prix faire des histoires, mais le Zweigelt, inépuisable abreuvoir des comptoirs autrichiens, se traîne un passé nazillon notoire.
Initialement appelé Rotburger, créé en 1922 par un certain docteur Zweigelt, ce croisement de Saint-Laurent et de Blaufränkisch développé au départ pour intensifier la couleur, sera plus tard célébré pour son rendement et sa résistance au climat local. Il adopte ainsi en 1975 le nom de son créateur. Où est le problème, direz-vous ?
Et bien, le problème est que le fameux docteur Zweigelt, botaniste de son état, fricotait déjà avec les sympathisants d’Hitler de la première heure, celle où il était encore illégal. Dès l’Anschluss en 1938, non-content d’avoir profité de la mise en retraite forcée du directeur de l’école de viticulture de Klosterneuburg pour prendre sa place, il organisera une purge parmi les professeurs comme parmi les élèves et se fera fort de dénoncer un groupe de résistants locaux en confiant directement un de leur membre, élève chez lui, à la Gestapo.
Mais l’amnésie générale autrichienne qui suivit la guerre réhabilita sans états d’âme le cépage qui certes a ses avantages, mais aussi, sans aucun emballage, le bonhomme qui reste coincé dans l’œsophage d’une nouvelle génération plus préoccupée que ses aïeuls d’hommage sans dérapages. Reste donc à trouver un nom qui remportera l’adhésion de toutes les factions. Nous vous tenons au jus … de raisin bien sûr !
Vintage | Vin, style & dégustation | by Alice Weinderland | Vintage-by-alice.com
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