Dégustation à l’hôtel très chic de Park Hyatt. 32 maisons vinicoles ont fait le déplacement du Liban. Quelle aubaine d’avoir le berceau méditerranéen du vin réuni à domicile. Quelle ambiance, quelle énergie se dégage de l’assistance. “We start in english“ tente le maître de cérémonie mais tout ce beau monde étant francophone, on « switch » vite sur la langue de Molière. Au-delà de la langue, nous nous comprenons : notre esperanto, c’est le vin. Il faut dire que toutes les belles enseignes du patrimoine libanais sont là : les pionniers comme Ksara, Domaine des Tourelles, Kefraya, Château Musar. Sont venus aussi les nouveaux domaines, passionnés par la valorisation de leur nectar. La première chose qui me touche, c’est l’énergie solaire qui émane de ces vignerons. Ils semblent préservés de l’uniformisation d’un monde globalisé. Chacun a une histoire à raconter, un savoir-faire à défendre, un cépage à valoriser. Aucun ne vous laisse indifférent.
Où sont les vignes ? Le Liban se situe dans le triangle Caucase-Mésopotamie-Israël dans lequel les historiens situent la fabrication des premiers nectars. Donc des premières ivresses. ll y a plus de 3 000 ans, les phéniciens développent la vigne autour de la Méditerranée. Ils font déjà à l’époque le commerce des vins libanais, notamment en Egypte où ceux-ci étaient prisés des pharaons. Au cours de l’histoire, la production locale va décroitre, pour être réduite sous l’empire ottoman, aux seuls besoins de vin de messe. Gâchis, diront certains. A la moitié du XIXe siècle, on observe un nouvel essor pour ce travail qui ne va pas se démentir. La passion des vignerons libanais l’explique en partie.
Ils ne « cèdreront » rien ! A partir de 1975, les conflits armés vont mettre en péril cette revisitation du patrimoine. Une fois les conflits apaisés, les vignes détruites sont replantées. Depuis 30 ans, on assiste à un nouvel engouement pour la vigne. Les domaines libanais se modernisent tant dans les vignobles que dans les chais et on assiste à l’introduction de cépages internationaux. De nouveaux domaines prometteurs voient le jour: Château Saint-Thomas, Couvent rouge, Adyar, Château Cana, Domaine de Baal, Ixsir, Château Oumsiyat,….
Géographie.
Le Liban est un pays méditerranéen. Mer et montagnes forment ses frontières avec la Syrie et Israël. Il est traversé par le Mont-Liban. Le massif de l’Anti-Liban trace une limite avec la Syrie. Entre ces deux massifs se trouve la plaine de la Bekaa.
Le Liban est divisé en cinq régions viticoles du nord au sud :
– Nord
– Batroun
– Mont-Liban
– Vallée de Bekaa (divisée en 3 sous-régions : Bekaa nord, Bekaa centre & Bekaa ouest). C’est aussi la région qui concentre le plus de vignobles.
– Sud
Météo des vignes.
La région bénéficie d’un climat de type méditerranéen, avec une influence de vents marins. L’été est chaud et humide sur la côte, plus frais et sec dans les régions d’altitude. Les nuits sont fraîches dans la vallée de Bekaa et en montagne. L’hiver est doux. Les pluies arrosent la côte alors que plus on s’éloigne de la mer plus le temps est sec, voir aride.
Plus bio.
Le Liban a une superficie environ équivalente à un quart de la Suisse. On l’a longtemps comparé à celle-ci. Il offre des reliefs contrastés, allant du niveau de la mer jusqu’à 3 088 m. Le Mont-Liban est son Everest. Les vignobles sont souvent plantés à des altitudes élevées, allant de 800 à 1 300m. Cela garantit une fraîcheur favorable au développement de la vigne, dans un pays où l’été peut s’incruster 7 mois. En altitude, l’air sec les protège de maladies (comme les champignons).
Bon point: les viticulteurs ont rarement besoin d’avoir recourt aux pesticides pour faire y pousser leurs raisins.
Un grand vin.
Il existe une cinquantaine de vignobles qui cultivent environ 3 000 hectares de vignes et produisant plus de 9 millions de bouteilles par an. 35% sont exportés à travers le monde.
Les domaines ont des tailles très différentes. Les plus petits font 3-4 hectares quand les plus grands comme le château Ksara peuvent atteindre 500 hectares. Les grands domaines achètent aussi du raisin à d’autres viticulteurs libanais.
Pas fumeux du tout.
Dans le nord de la vallée de Bekaa, 250 agriculteurs de 11 villages décident de créer une coopérative vinicole « Les Coteaux d’Héliopolis ». Grâce à cette initiative les cultures illégales de libanais rouges et autres pavots disparaissent pour laisser place à des ceps de syrah, cabernet ou autre tempranillo.
Cépages.
Il existe une grande diversité de cépages utilisés dans la viticulture libanaise. On y retrouve de très nombreux cépages des pays sud-européens mais aussi quelques cépages autochtones comme pour le blanc : obeidi, merweh, mais également meessassi et en rouge : sabbaghieh.
Le Liban possède aussi beaucoup de variétés de raisins de table.
Les cépages internationaux cultivés au Liban pour la production de vin rouge que l’on rencontrent le plus fréquemment : cabernet-sauvignon, cabernet-franc, merlot, petit-verdot, gamay, syrah, mourvèdre, grenache noir, carignan, cinsault, tempranillo. Vous pouvez également trouver de manière plus rare du sangiovese, carménère, malbec, pinot noir, arinarnoa, caladoc, marselan, norton, touriga nacional.
Pour les vins blancs les raisins usuellement utilisés sont les chardonnay, gewürztraminer, sauvignon blanc, sémilllon, viognier, clairette, muscat, ugni blanc, mais aussi roussanne, marsanne, riesling, fiano, vermentino.
Miam miam ou le goût divin.
Le Liban est plutôt un pays de vins rouges. Une majorité de domaines propose des assemblages cabernet sauvignon-syrah. Des vins de qualités, généreux et opulents, à la couleur dense et profonde. Le goût des fruits rouges concentrés, voir confiturés, de fruits cuits se conjugue à des tanins charpentés et une bonne vivacité.
Mes coups de cœur : Château Saint-Thomas Merlot 2009, Clos du Phoenix 2012 (bio), Château Musar 2000 et bien sûr si vous en avez l’occasion ne passez pas à côté d’un vin blanc d’obeidi. Longue vie à la passion des libanais pour le nectar de Bacchus!
Et si vous souhaitez en découvrir plus sur la culture libanaise goûtez l’Arak, (un alcool local anisé sur une base de vin blanc (ugni blanc et obeidi) et ne surtout ne passez pas à côté de la gastronomie du pays. « Pour moi ce sera un taboulé libanais. The best one ! »
Pour aller plus loin.
Vintage | Vin, style & dégustation | by Alice Weinderland | Vintage-by-alice.com
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