Florie est une jeune zurichoise, originaire d’Occitanie. Je la rencontre à un vernissage dans une galerie de Street Art. Derrière une table, elle prépare pour les invités des cocktails créatifs qui n’ont pas à rougir devant les amateurs d’art. Si Florie prépare des cocktails le soir, elle sait aussi occuper ses journées et week-ends… Suivez-l’oenoguide !
AW : Parle-nous de toi. D’où tu viens ? Comment du sud où il fait beau et chaud on arrive à Zurich où il fait gris et froid ?
FA : Je viens d’un petit village du sud de la France en Languedoc-Roussillon, tout près de Narbonne. Mon arrivée en Suisse s’est faite un peu par hasard. Suite à un semestre d’échange universitaire à Séville, on m’a proposé un emploi à Genève que j’ai accepté. Ce projet n’a finalement pas duré mais ayant commencé à apprécier la Suisse, j’ai décidé d’y rester. J’avoue que le passage de Séville à Zürich a été un choc thermique et culturel mais j’adore les défis et je ne regrette absolument rien aujourd’hui.
AW : Quel était ton rapport aux vignes étant petite ? Quand as-tu goûté du vin la première fois ? C’était quoi ? Et depuis ? Quelle relation as-tu avec le nectar rouge ?
FA : Enfant j’ai passé une grande partie de mes vacances à Tuchan Corbières où ma famille possède des vignes. Le village est entouré de vignes à perte de vue et la présence du château cathare d’Aguilar, confère au lieu un côté magique. Au moment des vendanges tout le monde met la main à la pâte comme on dit. Mon moment préféré étant d’être au milieu des vignes quand le soleil se lève, réchauffant la terre et le raisin.
Ma première goutte de vin ? Très jeune, on nous en mettait une goutte dans un grand verre d’eau au lieu de nous donner du sirop. J’ai ensuite commencé par déguster vins blancs et rosés, le rouge ne m’étant d’aucun intérêt, au grand dam de mon père et mon grand-père d’ailleurs. Ce n’est qu’à 20 ans, après un stage en Angleterre chez une amie de la famille que j’ai commencé à apprécier le nectar rouge. En bonne française, mon hôte Geneviève buvait de temps en temps un verre de vin rouge à table… Tout est parti de là !
AW : Qui fait le vin chez toi ? Les femmes ont-elles selon toi des aptitudes, une sensibilité pour cette création que les hommes auraient moins ?
FA : Pour moi le vin n’est pas plus une affaire d’homme que de femme mais plutôt une affaire de passionnés. Etre vigneron c’est tout d’abord un grand respect de la terre, un amour pour le produit. Derrière la noblesse du produit fini se cache également les étapes d’un processus de production complexe et des conditions de travail dures. Les femmes sont pour moi tout aussi aptes que les hommes à créer un vin, car dans tout bon vin on trouve l’expression d’un terroir mais aussi du caractère du/de la vigneron/e. Je ne doute donc pas que l’on trouve beaucoup de complexité et de sensibilité dans des vins faits par des femmes.
AW : Quelle est la plus grande dame que tu aies rencontrée dans le monde du vin ?
FA : Je suis encore bien jeune dans ce secteur mais je peux citer Karine Mirouze du Château Beauregard Mirouze en Corbières, Cathy Sisqueille du Château de Rey en Côtes de Roussillon ainsi qu’Olivia Gautran du Domaine Cailhol-Gautran, toutes trois femmes de caractères et d’exception, comme leurs vins.
AW : Et les vins suisses ? Qu’en penses-tu ? As-tu un vin suisse de prédilection ?
Il existe une grande variété de vins de qualité en Suisse, mais je dois avouer que ma connaissance en est encore imparfaite. J’apprécie par exemple les gamaret et garanoir pour leur atypie ainsi que bon nombre de vins blancs, notamment avec une fondue.
AW : Aujourd’hui tu organises des évènements et prépares des cocktails ? Avec du vin ? Par exemple ?
FA : Je pense que je suis un peu puriste à ce niveau-là ! J’organise soit des évènements autour du vin de type dégustation avec différentes thématiques associées par exemple : Art et Vin grâce aux Wine Art Safari parcours itinérant où nous visitons 3 galeries avec dégustation de deux vins par galerie à Zürich, ou des évènements axés sur le team building avec dégustation et quizz sur le monde du vin.
Pour les cocktails, je mise plutôt sur des créations originales, faites sur mesure en fonction de l’évènement et de la personne. Cette année je me suis lancée dans le moléculaire et j’adore par exemple réaliser un Kir Royal au Caviar Moléculaire à base de Crémant du Languedoc.
AW : As-tu l’impression que les suissesses ont le même goût pour le vin que les françaises ?
FA : Non je ne pense pas, de la même manière qu’une Bordelaise n’aura probablement pas les mêmes goûts qu’une Languedocienne. Je pense que le terroir d’origine d’une personne forme et formate son palais. C’est une des choses que j’ai dû apprendre, ouvrir mon horizon gustatif certes, mais également comprendre les mécanismes derrière les goûts ressentis : conditions climatiques, terroirs à disposition, cépages choisis et comment l’on peut exprimer toutes ces variables au maximum de leur potentiel.
AW : Et demain ? Retour aux sources : tu organises désormais des voyages oenotouristiques dans ta région d’origine. Quels vignerons aimes-tu faire découvrir ? As-tu des projets d’œnotourisme dans d’autres régions ?
FA : Oui c’est une activité nouvelle mais qui va j’en suis sûre prendre de plus en plus de place dans mon agenda 2018 ! J’adore faire découvrir ma région et les trésors dont elle regorge, la liste des vignerons avec qui je travaille est très longue mais ce sont toujours des caractères hauts en couleur, travaillant avec respect et passion. Citons par exemple, à proximité de mon village d’origine dans le massif de la Clape, désormais une des plus jeunes AOP du Languedoc (AOP La Clape) les domaines Sarrat de Goundy et La Combe Saint-Paul ainsi que les châteaux Pech Redon et Mire l’Etang.
Pour le moment je me concentre sur le Languedoc-Roussillon mais à terme, je souhaite élargir mon offre à d’autres régions voire pays.
AW : Quelque chose que tu aimerais ajouter ?
FA : Je suis ravie d’observer que la région Languedoc-Roussillon redore ses blasons auprès du public Suisse et de la communauté internationale. Trop longtemps boudée, elle offre pourtant une palette de terroirs, d’appellations et de vins d’exception à faire pâlir la scène internationale ! De plus le patrimoine culturel de cette région, lui confère charme et authenticité, en faisant ainsi une destination de villégiature à recommander.
AW : Tes services ne s’adressent-ils qu’aux zurichois ? Comment peut-on te joindre si l’on veut faire appel à tes services ?
FA : Mes services s’adressent bien entendu aux Zurichois mais pas seulement, je propose mes services de séjours œnologiques et d’évènementiels en Allemand mais aussi en Anglais et Espagnol (ndlr : et en français). Vous pouvez visiter mon site floswine.com ou me joindre directement par téléphone pour discuter de votre projet.
Crédit photos: Florie Astruc.
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